Madame Mondron (née Valentine Lambert) continua, jusqu’à sa mort en 1929, de vivre seule dans la propriété familiale.
Dans ses dernières volontés, elle avait exprimé le désir d’être enterrée aux Hamendes. Elle souhaitait d’autre part que l’on continue à y dire la messe comme c’était la tradition de son vivant dans la chapelle du Château. Mais pour amplifier et mieux respecter encore le pieu souhait maternel, ses trois enfants, Aline Casimir Lambert, Marie Mondron et Gustave Mondron décident de faire édifier une église au centre du château tout en conservant la façade originale et le site de verdure.
+ d’informations
La construction commença le 4 août 1930 et le 10 septembre 1931, l’évêque de Tournai, Monseigneur Rasneur, consacrait le nouvel édifice. Ainsi venait de naître la paroisse Saint-Lambert. De partout on venait voir le Château transformé. Il faut reconnaître que les auteurs du projet ont remarquablement œuvré. Ils sont parvenus à conserver les boiseries intérieures et même à intégrer, dans le Chœur, des vitraux profanes à décor floral provenant de l’ancien Hall d’entrée du Château. L’église est particulièrement lumineuse dépourvue de colonnes qui masquent si souvent la vue de l’autel aux fidèles. Les matériaux de construction étaient en grosse partie le béton armé, encore rarement utilisé à cette époque, et des centaines de briques qui comme lors de la construction du Château, étaient produites sur place par la grande briqueterie des Hamendes. Quant à la crypte contenant les défunts de la famille Lambert-Mondron, elle fut construite en 1932. En effet, les morts ne pouvant pas se trouver sous le chœur, endroit initialement prévu, il a fallu la construire derrière église.
C’est l’abbé Duray qui en fut le premier curé et ce pendant vingt ans. Sous son administration, la paroisse se développe rapidement. De nombreuses œuvres éducatives et caritatives comme des sections de Patro, une cellule de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, ainsi qu’une chorale s’y installe. Un peu plus tard, en 1935 semble t’il, le culte de Sainte Rita fut installé dans l’église.
L’édifice religieux fut loué à la fabrique d’église suivant un bail emphytéotique courant jusqu’en 2034 au loyer annuel de un franc par an. La paroisse dépendait à ce moment du doyenné de Jumet.
Après la Seconde Guerre mondiale, Monseigneur Himmer, évêque de Tournai, se voit confronté à un problème crucial : les Pères Assomptionnistes sont obligés de quitter le prieuré de Sart-lez-Moines (à Gosselies). En cause, les travaux d’élargissement du canal Charleroi-Bruxelles. La famille Mondron accepte que le château devienne le siège de cette nouvelle congrégation. Ils s’installèrent dans le bâtiment en séparant la cure de la communauté. Le Père Scoyer en fait partie, c’est lui qui deviendra le deuxième Curé des Hamendes. Comme son prédécesseur, il administra la cure pendant vingt ans.
En 1956, l’ASBL « Œuvres Paroissiales Jumet (Saint Lambert) » devient propriétaire du Château, de l’église ainsi que d’un terrain. Mais la famille Lambert-Mondron y met une condition ; celle de ne pas y construire d’immeubles ou de bâtiments à des fins commerciales ou industrielles. L’ASBL reprend par la même occasion les obligations et droits émanant du bail emphytéotique conclu en 1935 entre l’évêché de Tournai et la famille, représentée alors par la société des Hamendes.
Depuis toujours, l’Administration Communale avait frappé d’interdiction de bâtir, les terrains avoisinant le Château, reprenant en cela la résolution posée en 1946 par la famille Lambert-Mondron, lors de la vente du « parc entouré de murs » a Monsieur Frère. La levée de cette interdiction en 1960 va mettre gravement en danger la survie de ce prestigieux édifice. Elle était, en effet, assortie d’un projet de rénovation du quartier. Par suite du décès de Monsieur Frères, c’est son petit-fils, Pierre Wart, qui négocia la vente des terrains avec l’immobilière « Les trois Provinces » et approuva l’autorisation d’y construire cinq buildings de 6 étages au milieu du parc. Le père Scoyer, quant à lui, avait soutenu un plan de rénovation du Château et de la cure par l’immobilière. Il avait, à cet effet, sollicité de la famille Lambert-Mondron, de pouvoir faire l’acquisition du terrain jouxtant l’église. Le 26 mars 1956 la « société les Hamendes » vendait à l’A.S.B.L. « Œuvres Paroissiales de Jumet (Saint-Lambert) » le dernier terrain d’une superficie de 48 ares 74 moyennant respect de la clause de non aedificandi. C’est pour ce terrain que la société immobilière « Les trois Provinces » offrit une somme dérisoire de deux millions contre la renonciation de la clause de non édification traditionnelle, ce qui aurait permis de mettre en chantier la construction d’un immeuble de onze étages, d’une cafétéria, d’une station d’essence, d’un supermarché et de boutique. La famille Lambert-Mondron tint bon et refusa de se soumettre à ces tractations, privilégiant le maintien du cadre de verdure autour du château. Heureusement d’ailleurs car la société immobilière tombera bientôt en faillite.
Le Château l’avait échappé belle. Après avoir résisté aux événements sanglants de 1886 et traversé deux guerres, il venait d’échapper de justesse aux pioches des promoteurs immobiliers avides de lignes droites et de béton armé.
En 1965, une école maternelle et primaire est installée dans les anciennes écuries.
En 1971, l’abbé Henri Remy devenait le troisième curé des Hamendes. Pendant plus de trente années cet infatiguable « bâtisseur » va permettre au Château Mondron de continuer à vivre. De nos jours plusieurs activités trouvent place dans ce domaine.
Le 23 janvier 2003 l’assemblée générale de l’ASBL propriétaire change de nom pour devenir « ASBL Saint Lambert-Château Mondron », son objet est quelque peu modifié pour évoluer et s’ouvrir d’avantage.
Au point de vue patrimoniale, la façade du Château des Hamendes comme on l’avait surnommé, n’a pas vraiment changé depuis 1881. L’intérieur de l’imposante demeure bourgeoise a subi de profondes transformations, sans doute à cause des restrictions budgétaires et structurelles. Cependant tout n’est pas perdu et certaines salles conservent un beau décor typique de la fin du XIXe siècle comprenant des paysages peints sur toile, des boiseries sculptées, des cheminées monumentale.